UN PASSÉ PLUS QU'ATYPIQUE

Porte de la prison vue de la rue Julien Coudray. 

Déjà fortement dégradée au fil des générations, aucune réparation n'ayant été effectuée depuis son écroulement au XVe siècle, la Tour n'est plus que l'ombre et le souvenir d'elle-même. Détruite de plus d'un tiers de sa hauteur, effondrée au niveau de la Salle des Prisonniers du 1er étage, désormais surmontée d'un trou béant sans plus aucun accès, la Tour est, pour sûr, " quasiment " condamnée. Il est donc projeté, afin d'utiliser l'ensemble du plateau jadis occupé par le Couvent puis l'agrandissement de la prison, de la " raser " en totalité, ainsi que sa petite soeur, la Tour des Cordeliers qui, elle aussi, a miraculeusement survécu !

La Tour en péril en 1960 avant l'intervention de son sauveteur.

À la suite des bombardements allemands du 15 au 17 juin 1940, la ville est ravagée sur une surface d'environ six hectares.

Blois est déclarée sinistrée par arrêté le 31 juillet 1940. Si la reconstruction s'organise finalement au niveau national et à travers l'urbaniste parisien Charles Nicod, les réflexions menées à l'échelle locale n'ont pas été sans écho dans le projet d'aménagement validé en 1942. La Tour Beauvoir n'en fait pas partie. Elle n'a que très peu été affectée par les bombardements, hormis la destruction des maisons accolées derrière elle. Mais son avenir est fortement compromis !

En 1945, du Couvent des Cordeliers qui lui fait face, il ne substitue guère qu'un champ de ruines, un élément du rempart d'origine incluant le mur du réfectoire ou se trouvait accroché le Tableau de la Cène (visible au Château Royal). Seule la Tour est toujours debout, bien que fortement endommagée.

On ne réparera pas la Tour, le Conseil Général de l'époque tente de la " rendre " à la Ville de Blois qui a fort à faire à reconstruire d'urgence les quartiers dévastés en centre-ville.

Il s'en faut de très peu que ne disparaisse ainsi le plus ancien monument de Blois toujours visible, et surtout la plus longue et plus vieille prison de France...

Mais il est écrit que la Tour des Seigneurs de Beauvoir ne faillira point. A deux pas de sa démolition, par un hasard qui n'en est peut-être pas un, Jacques Carbonel, professeur au lycée Augustin Thierry et résidant à deux pas rue Beauvoir, amateur d'histoire et visiblement de " vieilles pierres " a vent de la catastrophe qui se prépare. Il rachète alors la Tour en ruines pour un franc symbolique. Il y investit la totalité de ses économies pour la reconstruire, restaurer et surtout redonner à la Dame de Pierre son prestige, sa hauteur, et son donjon panoramique de 24 m.

En 1969, grâce aux travaux entrepris, la Tour des fiers Seigneurs de Beauvoir, réparée du tiers supérieur dont elle était amputée, est redevenue telle qu'elle fut bâtie à la fin du XIe siècle... Un véritable petit miracle dont nul n'aurait pu se douter à l'époque !

La Tour en 1969 à l'issue de la première tranche de travaux

Une dernière page d''histoire...

Jacques Carbonel n'achèvera pas ses projets immobiliers pour transformer la Tour en appartements. Il a le temps de faire installer la cage d'escalier indispensable pour desservir les trois étages reconstitués au dessus du plafond du XVe siècle, seul témoin restant des plafonds de la Renaissance. Emprisonné pour des affaires de pédophilie, avant de se suicider, en 2000, il revend la Tour en 2000 à Axel Fontaine, architecte DPLG, propriétaire du château de Chémery. 

Dix siècles sont passés et la Tour se dresse toujours fièrement au coeur de " la Haute Ville " dont elle est le fleuron. 

LA TOUR BEAUVOIR
Optimisé par Webnode
Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer